avec deux régiments cantonnés dans la ville, contrôler ni réprimer une centaine de misérables. Il est vrai que sous quelques rapports, nous y avons peut-être gagné quelque chose ! ainsi la sécurité publique est bien plus complète depuis que l’autorité s’est éclipsée d’au milieu de nous ! Il est vrai de dire que nous courons beaucoup moins le risque d’être pillés ou assassinés depuis que le gouvernement est à cent-cinquante lieues de nous qu’alors que nous l’avions à nos portes : mais là n’est pas la question ! Le gouverneur a enlevé le siège du gouvernement de Montréal, et le pays n’a rien à dire ! Le gouverneur est donc tout, et le pays rien ! Eh bien on nous affirme que nous jouissons de la plénitude de la souveraineté !
— Mais, en Angleterre la reine peut convoquer le Parlement ailleurs qu’à Londres.
— En théorie, oui ; mais en pratique, non, elle ne l’oserait pas. En Canada on l’ose parce qu’on sait bien que le bureau colonial peut se moquer de l’opinion publique !
L’habitant de l’Angleterre ou de l’Écosse, qui veut bien, se contenter du titre de sujet anglais, est en réalité citoyen anglais puisque par les communes, il contrôle le pouvoir exécutif. Mais ici sommes-nous des citoyens anglais, quand nous n’avons pas le moindre contrôle sur le bureau colonial ; quand le gouvernement métropolitain fait et défait nos institutions sans nous consulter ? Non, sans doute et il me semble qu’on nous fait sentir assez souvent, et assez amèrement que de nom et de fait, nous ne sommes rien de plus que les sujets, que la propriété politique de l’Angleterre.
Nous formons partie intégrante de l’empire anglais, dit-on ! Oui, comme peuple conquis, mais nullement comme peuple frère ! Le peuple, anglais est maître chez lui et ici ; quant au peuple du Canada, il n’est seulement pas maître chez lui !
Un citoyen anglais qui vient demeurer en Canada n’abdique-t-il pas sa souveraineté ? Une fois ici, n’est-il pas considéré comme indigne d’élire un membre pour les communes ? N’est-il pas considéré comme indigne de contrôler l’exécutif de la métropole ? N’est-il pas gouverné par le même exécutif qu’il aurait le droit de contrôler s’il était en Angleterre ? Là il peut être redoutable même au ministère,