Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

souveraineté réelle, pendant que comme citoyens Américains nous ne jouirions que d’une souveraineté nominale ! Vous avez vu un journal français donner en faveur de la connexion britannique cette profonde et irréfutable raison « que le Canada ne devrait pas se détacher d’un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais ! ! » Ainsi Messieurs d’après cet habile rédacteur, la Pologne doit bien chérir la Russie, car le soleil se couche encore moins sur l’empire Russe que sur l’empire Anglais ! Enfin vous avez vu le même journal conseiller au pays de souffrir sans mot dire, toutes les avanies qu’on lui a faites, parce que de tous les côtés les plus terribles ennemis sont prêts à fondre sur lui ! Au sud les américains, au nord, les glaces éternelles du pôle, (textuel), ennemis d’une nouvelle espèce auxquels personne n’avait encore songé !  !

Voilà Messieurs les énormités dont les feuilles connexionnistes fourmillent ! Voilà les inconcevables platitudes en échange desquelles l’exécutif colonial prodigue ses faveurs et son patronage !  ! Et l’on ne voit pas qu’une cause qui en est réduite à employer de tels arguments est une cause évidemment mauvaise, évidemment perdue !  !

Il est, pour les peuples, une chose bien plus dangereuse encore que la tyrannie, que les lois exceptionnelles : c’est leur acceptation sans protêt, sans opposition, sans remontrance. Mais ce qu’il y a de plus triste, de plus profondément décourageant, c’est lorsqu’un peuple a été insulté, humilié dans ses affections, dans ses sentiments, dans ses souvenirs ; lorsqu’il a été opprimé, menacé dans son existence par l’imposition forcée d’institutions qui, sous une apparence de libéralité, cachent le plus dangereux de tous les despotismes, celui qui sait s’entourer de formes douces ou séduisantes pour se faire accepter ; ce qu’il y a, dis-je, de plus triste, c’est de voir la portion la plus éclairée de ce peuple admirer naïvement ce qu’on lui a donné ; se courber servilement sous le joug, en se félicitant de ce qu’on lui ait enfin rendu justice ; élever jusqu’aux nues la puissance et la sagesse du despote, et se croire libre et maîtresse de son avenir parce qu’on lui a laissé un semblant de libre arbitre, un simulacre d’action propre, dans un cercle infiniment restreint et limité.

Voilà précisément, Messieurs, ce que notre pays a eu le malheur de faire. L’Angleterre nous a dit : « Vous allez doré-