premier obstacle rebute. Ayons foi en l’avenir, mais ayons foi surtout en nos propres convictions.
Le temps approche, Messieurs, où la providence adressera au peuple de ce pays cette vivifiante parole qu’elle adressait, il y a dix-huit siècles à un homme, et qu’elle a adressée depuis à tant de nations, « il en est temps, levez-vous et marchez. »
Il est un fait, dans l’histoire du genre humain, qui me paraît dominer tous les autres faits : c’est que les trois quarts des guerres qui ont ensanglanté le monde n’ont pas eu d’autre source que l’amour de l’indépendance, n’ont pas eu d’autre cause que le désir d’être libre.
L’amour de la liberté existe au même degré chez les masses que chez l’individu. Un despotisme adroit ou brutal peut quelquefois endormir momentanément ou comprimer ce sentiment chez elles, mais il ne le détruit jamais. Toute société politique comprend d’instinct qu’elle ne peut se développer pleinement, ni arriver au but auquel tend sans cesse l’humanité, que si aucune cause extérieure ne gêne son mouvement et son action.
Et puis s’il est quelque chose que l’histoire démontre invinciblement, c’est qu’un peuple qui ne jouit pas de son indépendance ne jouit pas non plus de toute son énergie morale : c’est qu’un peuple que les vicissitudes politiques font passer sous le joug d’un autre peuple, perd de ce moment, l’esprit de progrès qui avait pu exister chez lui et tombe dans l’apathie et la torpeur. Le sentiment national s’éteint chez les individus ; les petites ambitions, les jalousies locales, les prétentions personnelles se font jour de tous côtés ; l’esprit national fait place à l’esprit d’intrigue ; les factions se dessinent, se multiplient ; le peuple use le peu d’énergie qui lui reste dans de mesquines querelles individuelles ; toute politique d’ensemble disparaît rapidement, et conséquemment le progrès moral s’arrête et meurt.
Voyez les États-Unis ! N’est-ce pas de la conquête de leur liberté que date leur merveilleuse prospérité et leur progression si rapide qu’elle est sans exemple dans le monde ?
Voyez la France ! Voyez l’Angleterre ! N’est-ce pas de la chute de l’absolutisme que date chez elles le vrai pro-