suites pour en doter une université dans laquelle l’enseignement ne sera pas sous son contrôle exclusif, le clergé criera, (comme s’il ne devait pas crier chaque fois que le pays fera un pas sans sa permission) et notre influence sera affaiblie d’autant ; eh bien, ajournons ce projet et laissons sa réalisation à nos successeurs ; après nous le déluge. »
Ainsi, Messieurs, les membres de l’administration actuelle, en qui le pays a mis toute sa confiance, ont ajourné, en vue seulement de se maintenir au pouvoir, la fondation d’un établissement dont le pays a le plus grand besoin, qui imprimerait une immense impulsion à son progrès moral, et pour la dotation duquel les moyens étaient tout trouvés : et d’un autre côté ils ont habilement dupé le clergé ; car tout en lui laissant entrevoir la possibilité que les biens des Jésuites lui fussent abandonnés, au moins en partie, ils s’amusaient dans le tête-à-tête, aux dépens de ceux dont ils excitaient les convoitises !
Sous des institutions sérieusement démocratiques, nos hommes publics n’eussent très probablement pas fait passer avant leur devoir et les vrais intérêts du pays, le désir de capter l’appui du clergé, dont ils craignent aujourd’hui de froisser les instincts anti-démocratiques ; car soyez en bien convaincus, Messieurs, une fois les institutions républicaines définitivement établies en Canada, le clergé, même s’il n’est pas républicain par goût, tâchera de le paraître, ou le sera par nécessité ; voilà pourquoi la réalisation d’une pensée démocratique qui le blesserait aujourd’hui, lui sera alors indifférente ; voilà surtout pourquoi, si nous avons alors le malheur de placer au pouvoir des hommes qui n’aient pas le courage de leur opinion, ces hommes ne craindront plus des foudres qui, même sous le régime actuel, ne sont redoutables qu’à ceux qui veulent bien en avoir peur.
Messieurs, j’ai essayé de vous démontrer :
1°. Que le système politique actuel était radicalement mauvais ; qu’il était condamné par la raison, par le droit naturel, par ses résultats généraux, par les hommes publics honnêtes, — ou au moins non hostiles au Canada, — de la Grande Bretagne :
2°. Que le Canada en était arrivé à force de sagesse pratique et de connaissances administratives à voir son budget