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car il ne nous l’impose pas ;[1] mais aussi nous avons pleinement celui de lui dire : « Votre système ne nous convient plus ; il entrave notre développement intellectuel et industriel ; il n’est pas adapté à notre situation politique, ni à notre avenir national : au point de vue social, il n’est pas à la hauteur de l’époque. Voila pourquoi, nous allons, par nos propres moyens en créer un autre, séculariser l’enseignement afin de nous affranchir de votre tutelle morale ; doter une ou plusieurs universités avec les biens des jésuites, qui n’ont servi jusqu’à présent qu’à exciter vos convoitises, et dont le gouvernement responsable ne s’est servi que pour faire de l’intrigue. »

Voilà ce que nous avons le droit de dire au clergé ; voilà surtout ce que nous devrions faire sans délai ; voilà enfin ce que quelqu’un a déjà pensé à faire. Malheureusement ce quelqu’un était le chef d’une administration qui, arrivée au pouvoir sous les auspices du libéralisme, a menti à sa mission et renié son mandat, et ce chef d’administration s’est dit : « Nous sommes au pouvoir : il est dans l’intérêt du pays que nous y soyions aussi longtemps que possible : nous pouvons influencer le peuple au moyen du clergé si nous savons flatter celui-ci : le clergé a l’espoir d’accaparer les biens des jésuites, eh bien, influençons le clergé au moyen des biens des jésuites que nous ne lui donnerons pas, mais que nous lui laisserons espérer d’obtenir ; et avec cela nous aurons son appui cordial. »

Voilà, Messieurs, le calcul de l’administration actuelle !

Voilà pourquoi le projet de doter une université avec les biens des jésuites n’a pas été réalisé !  !

Ce projet est la seule idée un peu large en fait d’administration que le chef du cabinet actuel ait conçue, ou mieux, ait témoigné l’intention d’exécuter ; et ce projet a dû faire place à une intrigue de coterie !  !

On s’est dit : « Si nous refusons au clergé les biens des jé-

  1. Absolument, non ;
    Mais relativement, oui, jusqu’à un certain point ; car le clergé n’aime pas les établissements laïques, sous le prétexte qu’ils ne sont pas assez religieux.
    Il veut exercer son contrôle sur l’enseignement.
    Et il est très possible que quand on voudra former des établissements laïques, le clergé conseille ou défende à la population de les fréquenter.