prêtres. » (GASC) Aussi quand forcé par la marche de la civilisation, par les besoins de l’esprit humain et surtout par la nécessité de conserver la direction de l’enseignement, le clergé ouvrit, en dehors des monastères, des écoles destinées aux laïques, eût-il soin de subordonner tout son système à cette idée : « Former des prêtres. »
À une époque où le clergé seul était éclairé, l’éducation cléricale devait paraître évidemment la meilleure qu’on pût donner aux laïques ; et d’ailleurs le pape St. Grégoire avait défendu, « que les mêmes bouches consacrées aux louanges du Seigneur, s’ouvrissent pour celles de Jupiter ; » proscrivant par ces paroles toute étude qui n’était pas exclusivement religieuse ; tout ce qui s’appelle étude profane.
Aujourd’hui, Messieurs, que tout est changé, les lois, les mœurs, les idées fondamentales, les principes sociaux et politiques ; aujourd’hui que le clergé n’est plus en avant des laïques par le degré d’instruction ; aujourd’hui que les idées monastiques ne vivent plus que dans les souvenirs, que la vie monacale du moyen âge est réprouvée par la civilisation, il peut paraître étonnant que le clergé reste opiniâtrement attaché a un système d’enseignement qui a sa base dans un passé qui n’est plus possible et dans un ordre d’idées qui est détruit sans retour ; mais il n’y a rien là, Messieurs, que de naturel pour celui qui a un peu observé et un peu étudié ; car comme le dit avec tant de vérité Benjamin Constant : « S’il est de l’essence de la religion d’être progressive, il est aussi de l’essence du sacerdoce d’être stationnaire et immobile dans l’ordre des idées et des systèmes. »
Et en effet c’est dans l’immobilité générale qu’est son principe de vie, sa plus infaillible garantie d’influence.
Tout mouvement social est en quelque sorte l’abandon du passé et l’acheminement vers l’avenir. Or l’avenir c’est l’inconnu ; et pour le clergé, l’inconnu c’est le danger ; donc tout ce qui mène à cet inconnu doit lui répugner instinctivement.
Messieurs, ce qu’il faut aujourd’hui au pays, c’est un enseignement qui ouvre indistinctement toutes les carrières aux élèves, suivant les goûts, les dispositions, les talents particuliers qu’ils indiquent.
L’éducation rationnelle est l’art de former les hommes