pirées aux peuples par le démon de l’orgueil ; d’où il suit nécessairement que loin de procurer aux peuples le bien-être matériel et moral, elle est infailliblement pour eux une source féconde de malheurs et de catastrophes.
Les lois sont la définition des droits individuels, l’expression des devoirs sociaux ; on n’en donne pas aux élèves la plus légère idée.
Les professeurs sont des hommes totalement étrangers à la carrière que les élèves vont parcourir, et qui, souvent ne connaissent la société que par ce qu’ils en apprennent au confessionnal ; moyen qui, à mon avis, leur en donne souvent des notions très fausses.
Étrangers à l’esprit de leur siècle, ou en hostilité directe avec lui, ils appartiennent par leur position, leur genre de vie et leurs études à un autre âge. Tout ce qui est nouveau les effraie ! Tout ce qui ne date pas de deux cents ans leur paraît tendre à détruire la religion ! Ils n’aiment et n’admirent que le passé, et encore le connaissent-ils mal : quand à l’avenir, ils n’y voient que dangers, bouleversements, ravages de l’impiété, combinaisons de l’enfer.
Les règlements de nos collèges sont encore modelés, le plus souvent copiés textuellement sur ceux des petits séminaires français du dix-septième siècle ; époque à laquelle les coutumes, les habitudes sociales, l’association d’idées générales étaient essentiellement différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. Le fonds du programme classique est resté le même, il n’y a que les accessoires de changés. En un mot, à voir comment les choses marchent, on serait tenté de croire « que l’enseignement est une pure affaire de routine et non de raison et d’observation. » — (Gasc) « On croit cultiver l’esprit des enfants et exercer leur jugement en chargeant leur mémoire ou plutôt en l’obsédant de mots qu’ils ne comprennent pas, qui n’éveillent pas en eux le désir d’acquérir la connaissance de leur signification : » (Gasc) ou bien encore on surcharge leur intelligence d’idées qui ne s’appliquent à rien de ce qu’ils ont vu dans la famille ou la société, et conséquemment à rien de ce qui peut exciter leur attention ou captiver leurs sympathies.
Au lieu d’aviver chez eux la curiosité, on la tue.
On classe dans leur mémoire toute une nomenclature de