condition qu’ils ne seront pas titulaires d’une ville dans laquelle existe déjà un siège épiscopal de l’église établie par la loi. Si un évêque catholique ose prendre un tel titre on déclare la société en danger, et l’évêque perturbateur du repos public !
Est-ce là, Messieurs, ce que l’on appelle de la tolérance ?
Eh bien, des protestations d’assemblées publiques ne formant pas la loi du pays, les catholiques d’Angleterre maintiennent leur nouvelle hiérarchie, parce que les lois ne la condamnent pas, parce que le cri de l’intolérance n’impose des obligations à personne, parce qu’ils se considèrent pour ainsi dire, à l’abri des attaques en se plaçant sous l’égide de leur droit naturel ; enfin parce qu’ils espèrent voir une effervescence aussi déraisonnable se calmer peu-à-peu : mais par malheur, sous notre heureuse constitution, on n’est pas quitte à aussi bon marché. Voilà que le premier ministre s’en mêle, propose une loi d’intolérance, et cette loi, après quelques difficultés, passe à une forte majorité ! ! Devant le parlement Anglais, les droits, la justice, le bon sens sont moins que rien et l’expédience est tout.
Tout cela ne prouve pas, je le sais bien, que le catholicisme, en Canada, soit exposé à des attaques directes de la part du gouvernement métropolitain ; mais cela prouve encore beaucoup moins que la nation et le gouvernement Anglais soient remplis de sympathies pour le catholicisme. Le gouvernement n’attaquera pas, je l’admets ; mais supposons, — ce qui n’est pas impossible, après tout — que l’on nous suscite, quelque jour, une mauvaise chicane, dans le genre de celle que l’on a faite à la nouvelle hiérarchie catholique anglaise, chicane ridicule, que l’on peut très proprement qualifier de querelle d’Allemands ; quels seront nos juges, tant que nous serons colons anglais ? Précisément ceux qui, en plein xixme siècle, ont fait de l’intolérance en parole et en action ; ceux qui ont abusé de leur pouvoir jusqu’à violer la plus sainte de toutes les libertés !
De ce qu’il est très improbable que le gouvernement anglais ne commettra pas, contre le catholicisme, des actes d’agression directe, il ne suit pas que les individus, ou les diverses communions protestantes n’en commettront jamais. Si le cas arrive où est notre sauvegarde ?