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libéral[1] avouer explicitement, dans l’enceinte législative, que l’administration aurait pu s’abstenir d’être aussi sévère si elle n’avait pas été composée de libéraux !

C’est-à-dire que notre position est si fausse qu’un ministère libéral se croit obligé de punir des libéraux, quoiqu’ils n’aient pas violé les lois, parce qu’il est libéral et qu’eux sont libéraux !

C’est parce que le ministère était libéral qu’il devait se montrer plus sévère qu’un ministère tory ! C’est parce que le ministère était libéral, qu’il se trouvait forcé de renier le libéralisme !  !

Nous sommes si libres qu’un ministère libéral a du faire des injustices odieuses pour ne pas se compromettre aux yeux du gouvernement métropolitain !

Voilà pour le système ! Mais comment qualifier les hommes qui, par crainte de se compromettre, commettent, contre leurs compatriotes, des actes d’un aussi stupide despotisme ?

Avec l’annexion, vous aurez la certitude d’être représentés d’après le chiffre exact de la population. Un bourg de mille âmes ne balancera pas, en chambre, l’influence d’un comté de quarante mille âmes.

Pas un homme alors n’osera dire, à la face de son pays, que ce système soit mauvais ! vos mandataires n’oseront pas alors vous dire : « Souffrons maintenant une injustice afin d’acquérir le droit d’en exercer une plus tard. » Car quand ils vivront sous un régime républicain, sous un système qui sera la consécration et la garantie du droit et non sa négation, ils sauront qu’on n’a jamais le droit d’exercer une injustice contre autrui, même quand on a volontairement souffert une injustice de même nature que celle qu’on voudrait exercer ! Sous un pareil système, ils apprendront (ce dont ils ne paraissent guères se douter aujourd’hui) qu’on ne doit jamais désirer de commettre une injustice contre d’autres, car cela justifie celles dont on se plaint : ils apprendront, ce dont ils ne paraissent guères se douter, que si on est toujours libre de souffrir une injustice, on est rarement libre d’en commettre contre les autres ! Et le peuple, lui, saura alors que ce sont toujours des hommes sans principes qui donnent de pareils conseils à leurs compatriotes :

  1. Mr. Hincks.