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loyauté, bénissant la justice métropolitaine, écoutant avec docilité, et recevant avec un profond respect tout ce niais grimoire ministériel qu’on appelle le discours du trône !  !

Avec l’annexion, le patronage sera détruit, et nous verrons disparaître de leur honteuse arène les trop nombreux acteurs de cette lutte désespérée pour conquérir des places et des salaires, que nous avons vus depuis dix ans à l’affût de toutes des bassesses. Non, Messieurs, après l’annexion, nous n’aurons plus la douleur d’être journellement témoins du plus démoralisateur de tous les spectacles, celui d’un vrai steeple-chase à plat ventre de valets d’antichambre, dans lequel celui qui rampe le mieux est toujours sûr d’obtenir le prix !

De même que le patronage monarchique a l’effet de dégrader les masses et les individus, de même le système électif a celui de les grandir à leurs propres yeux, de les relever moralement, d’ennoblir leurs sentiments, de leur donner cet esprit d’indépendance que nous avons perdu, de réveiller chez eux cet instinct de respect de soi-même qui existait en Canada avant 1837 et que le gouvernement responsable a fait devenir si rare !  !

Avec l’annexion vous ne verrez plus les hommes qui ont pendant vingt ou trente ans marché en tête du parti libéral rougir de la démocratie, et une fois devenus ministres responsables, s’opposer en pleine chambre d’assemblée à une mesure importante, sur la seule raison qu’elle a une teinte républicaine.

Après l’annexion, vous ne verrez plus des ministres libéraux restreindre par tous les moyens possibles les droits et privilèges de la chambre, pour augmenter et étendre d’autant les prérogatives de la couronne qui, en définitive, ne sont que leurs propres prérogatives, leurs plus puissants moyens d’influence et de corruption !  ! Vous ne verrez plus une chambre d’assemblée assez servile pour consentir à ces actes de suicide !

Avec l’annexion vous ne verrez plus des ministres libéraux ayant à toute heure sur les lèvres le mot de responsabilité, refuser à la chambre communication des correspondances échangées entre eux et le bureau colonial, sous le prétexte qu’elles sont confidentielles !  !

Quoi, il y a des actes des ministres coloniaux, soi-disant