le calme est revenu, et aujourd’hui les journaux ministériels chantent en cœur que le Congrès n’a fait là qu’un simple oubli, qui sera réparé bientôt. On est plus sûr que jamais, maintenant que la session approche, d’obtenir la réciprocité ! !
Ne pensez-vous pas, Messieurs, que si l’illustre Robert-Macaire venait faire un tour en Canada, il pourrait encore y apprendre bien des choses ?
Voilà donc le Congrès absous des anathêmes conditionnels qu’on lui lançait l’année dernière ; alors que le plus ancien journal français de cette ville qui, s’il existe une politique ministérielle, représente cette politique, s’écriait, dans un de ces accès d’idiotisme qui l’obsèdent de temps à autre : « Honte au Congrès s’il refuse la réciprocité ! »
Telle est, Messieurs, la logique du gouvernement responsable.
L’Angleterre viole l’engagement qu’elle avait contracté envers le Canada de lui-donner protection et justice ; le gouvernement responsable croit faire un miracle d’habileté en exigeant du Congrès Américain de réparer cette violation ! À lui la responsabilité des injustices de la métropole !
L’Angleterre adopte une politique ruineuse pour ses colonies et leur refuse une compensation : c’est le Congrès qui est obligé de leur accorder cette compensation ! ! Ce n’est pas sur l’Angleterre que doit retomber la honte de ses injustices et de son égoïsme ; c’est sur les États-Unis !
Pas un mot de blâme n’est échappé à ce journal contre le despotisme et l’indifférence de l’Angleterre envers le pays ; car c’eût été affliger et embarrasser le ministère ! ! c’était le Congrès qu’il fallait attaquer ; c’était le gouvernement Américain qu’il fallait taxer d’illibéralité, en cas qu’il n’acceptât pas une proposition ridicule ! !
En rejetant, par avance, tout le blâme sur le Congrès, on préjugeait les ignorants, voilà précisément ce qu’on voulait ! ! En taxant le gouvernement Américain d’injustice, de mauvais vouloir envers le pays, on prédisposait contre lui ces esprits superficiels qui ne découvrent que ce qu’on leur montre du doigt, et ne comprennent même pas toujours ce qu’on leur dit ; c’était autant de gagné contre l’annexion !
Avec les partisans de la morale des intérêts, il ne s’agit