d’hui, ce qui augmenterait en proportion la valeur de la propriété. Eh bien, nous avons un moyen d’obtenir cela sans l’annexion. Le ministère fait les plus grands efforts pour obtenir la réciprocité commerciale avec les États-Unis, sur les produits agricoles, et l’obtiendra sans aucun doute, car il conduit cette négociation avec toute l’habileté désirable ; dans ce cas, nos grains ne paieront plus de droits, ils vaudront donc autant sous un système de réciprocité qu’avec l’annexion ; la propriété acquerra donc une valeur proportionnée à cette augmentation ; la réciprocité commerciale produira donc au Canada les mêmes avantages que l’annexion. »
— Dans cette objection, Messieurs, il y a un peu de vrai et beaucoup de faux. Il est vrai que la réciprocité commerciale sur les produits agricoles donnera à nos grains à peu près la même valeur qu’ils acquerraient par l’annexion, mais voilà le seul avantage que nous procurera la réciprocité.
L’annexion sera la source d’une foule d’avantages que la réciprocité ne pourrait en aucune manière nous donner, il est donc faux que pour le pays, il soit indifférent d’obtenir l’une ou l’autre.
D’abord, Messieurs, obtiendrons-nous la réciprocité ?
— Eh sans doute, répondent les admirateurs du gouvernement responsable, qui ne voudraient pour rien au monde commettre le péché sans excuse de douter de la réussite de leurs ministres bien-aimés.
Eh bien, je suis loin d’être aussi pratique que ces Messieurs, et je puis me tromper ; mais depuis que j’ai étudié un peu la question, il me semble que nous avons contre nous dix-neuf chances sur vingt ; que l’espoir d’obtenir la réciprocité est totalement dénué de fondement, et je dirai plus est souverainement ridicule, car pour nourrir un instant un semblable espoir, il a fallu compter sur une absence totale de bon sens chez les Américains ; il a fallu les croire complètement aveugles et incapables de comprendre leurs intérêts : il a fallu aussi les croire totalement ignorants de notre propre situation financière.[1]
- ↑ Ceci était écrit en Février dernier. Tous les journaux ministériels prétendaient alors que la réciprocité allait certainement être obtenue.