tenir en opération, sera certainement un profit clair pour nous. Cela vaudra beaucoup mieux encore que la meilleure transaction commerciale.
Si aujourd’hui, une compagnie se formait en Angleterre, dans le but de venir exploiter les pouvoirs d’eau de nos rivières, avec un capital de quelques centaines de milliers de louis sterling, y aurait-il, dans le pays, un seul homme assez insensé pour combattre un pareil projet, sous le prétexte que sa réalisation serait un malheur pour le pays ? Non, certainement ; il n’est personne au contraire, soit parmi les annexionnistes, soit parmi les partisans du régime colonial, qui ne s’empressât d’y donner la main.
Cela étant, comment donc ce qui serait jugé utile aujourd’hui, venant de l’Angleterre, pourrait-il être mauvais, après l’annexion, venant des États-Unis ?
Que les ennemis de l’annexion nous expliquent donc pourquoi une importation de capital Anglais serait avantageuse, mais une importation de capital Américain pernicieuse ?
Vous le voyez, Messieurs, cette objection n’est due qu’à de misérables préjugés, ou à la plus dégoûtante mauvaise foi, ou à la sottise.
N’allons pas descendre au niveau de ces sordides vieillards qui, pour le bonheur de couver des yeux l’or qu’ils ont entassé, l’enfouissent en coffre, et ne l’utilisent ni pour les autres ni pour eux-mêmes !
En vérité, les inventeurs de cette triste objection me font justement l’effet de ces parcimonieuses ménagères qui ne se décident à offrir un fruit que quand il commence à se gâter.
— Voyons, me dira encore quelqu’un, j’admets que l’utilisation, par les Américains, des forces motrices de nos rivières, sera un bien pour le pays : mais convenez aussi, que si, après l’annexion, les habitants de nos campagnes vendent leurs terres aux Américains qui viendront s’établir en Canada, cela sera un mal.
— Messieurs, pourquoi les terres, dans le Bas-Canada, ne se vendent elles généralement que pour les deux tiers ou les trois quarts de leur valeur ? Évidemment parce que le nombre des acheteurs est excessivement restreint. Beaucoup veulent vendre, peu peuvent acheter ; de là la dépréciation des biens fonds.