Cet équivalent, Messieurs, il ne l’a jamais eu ; et il ne l’aura jamais tant qu’il ne jouira pas du système électif dans toute sa vérité ; du système électif tel qu’il est constitué dans les États-Unis : il ne l’aura probablement jamais tant qu’il aura foi dans notre gouvernement responsable et dans ceux qui le prônent ; il ne l’aura probablement jamais tant que l’Angleterre sera là pour acheter avec des salaires ceux qu’il croit être ses défenseurs : il ne l’aura probablement jamais tant que l’annexion aux États-Unis ne sera pas venue lui donner la pleine compréhension de ses droits, des obligations de ses mandataires et des devoirs de ces officiers publics qui se croient dictateurs parce qu’on les appelle « les ministres ; » tant que l’annexion enfin ne sera pas venue donner une valeur réelle à tous ces travaux publics, tous ces canaux au fond desquels dorment paisiblement les millions qu’ils ont coûtés !
— Mais une fois l’annexion obtenue, disent nos adversaires, et c’est là leur principale objection, une fois l’annexion obtenue, le Canada perdra tout le revenu actuel de ses douanes c’est-à-dire, environ £4 ou 500,000 annuellement, qui appartiendront au gouvernement fédéral.
Ici, Messieurs, il faut faire une distinction.
D’abord, le produit des douanes sera-t-il aussi considérable après l’annexion qu’il l’est aujourd’hui ? Non, Messieurs, il subira tout-à-la-fois de grandes modifications et une grande diminution. Ensuite le revenu des douanes sera-t-il perdu pour le pays parce qu’après l’annexion on n’en fera plus le même emploi qu’aujourd’hui ? il ne faut pas ainsi abuser des mots.
Il est bien vrai que ce ne sera plus avec le produit des douanes qu’on défraiera les dépenses du gouvernement local, mais là n’est pas la question principale. Il ne s’agit pas seulement de savoir si sa destination sera changée, mais bien de savoir s’il sera plus utilement employé qu’il ne l’est aujourd’hui ; si les institutions qu’il sera destiné à faire fonctionner vaudront mieux que celles que nous possédons maintenant.
Or Messieurs, pour celui qui regarde la pleine liberté politique comme le plus grand de tous les biens pour sa patrie, et l’état colonial comme une cause infaillible, invariable de mé-