compte de ce qu’il paie, il ne s’alarme pas beaucoup de leur augmentation.
Ce système est dangereux parce qu’en général le peuple n’a pas la compréhension de ses résultats ordinaires, et que des gouvernants malhonnêtes ou incapables peuvent, pour ainsi-dire, les augmenter indéfiniment.
Si l’Angleterre n’avait eu à payer que des taxes directes, sa dette publique ne serait peut-être pas si énorme aujourd’hui : son gouvernement n’aurait peut-être pas osé soudoyer à plaisir les nations ennemies de la France : elle n’en serait peut-être pas arrivée à payer annuellement, pour l’intérêt de sa dette publique, environ $130,000,000, c’est-à-dire, le double du capital de la dette fédérale Américaine.
C’est sans doute quelque chose que le peuple ressente très peu le fardeau des taxes indirectes ; mais aussi la contrepartie est qu’elles donnent aux gouvernements la plus grande latitude pour dissiper, sans nécessité comme sans profit, le revenu public.
Je n’entends pas soutenir que le système des taxes directes soit certainement le meilleur ; c’est une question controversée aujourd’hui et qu’il ne m’appartient pas de décider, mais il n’est peut-être pas inutile d’indiquer l’inconvénient le plus ordinaire du système opposé, inconvénient qui se fait fortement sentir, aujourd’hui, en Canada.
Ainsi, si en Canada, on n’avait eu que des taxes directes à payer, n’est-il pas au moins très probable que les hommes qui n’ont pas voulu s’opposer à l’Union quand il en était encore temps, et qui, tout en parlant contre en public, s’entendaient avec les libéraux du Haut-Canada pour la faire imposer au pays ; n’est-il pas très probable dis-je, que les chefs du parti libéral qui, en 1841, étaient tout aussi intrigants qu’ils le sont aujourd’hui, y auraient regardé à deux fois avant d’accepter l’Union et de sanctionner par conséquent les extravagances du Haut-Canada ?
Si nous n’avions eu à payer que des taxes directes, nos députés n’auraient peut-être jamais consenti à laisser tranquillement le Haut-Canada faire sa part si grosse et la nôtre si petite, engloutir les quatre cinquièmes du produit des emprunts et les deux tiers du revenu public !
Si à chacune des folies Haut-Canadiennes, il avait fallu