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Ah ! s’il est jamais question de canoniser V. G., j’ose prévoir que le prélat qui se chargera du rôle obligé d’avocat du Diable aura d’étranges chapitres à débiter !

Chose remarquable Mgr ! J’ai été cette fois prophète au point qu’il me faut regarder dans mon miroir pour voir si c’est bien moi. J’avais dit : « On m’insultera, mais on ne me dérangera pas d’une ligne sur ce que je dis. » Quand prédiction s’est-elle plus vérifiée à la lettre que celle-là ? Seulement je ne prévoyais pas que ce serait V. G. elle-même qui descendrait ainsi à la grosse injure et m’éclabousserait à la Veuillot. Elle a si grandiosement manié l’injure à mon égard que je me surprends à craindre qu’Elle n’ait plus étudié et médité M. Veuillot que St. Grégoire le Grand et les Conciles qui recommandent aux Évêques la mansuétude et la douceur ; et j’ose presque ajouter, Mgr, la civilité, car les grosses injures que V. G. m’a dites sont certainement des choses qui ne brillent pas par la politesse ! Le passage que j’ai cité de la lettre de V. G. peut bien être considéré comme une morsure, mais jamais comme modèle de style évangélique. J’ai sans aucun doute dit des choses très dures à V. G., mais au moins je les déduis de faits qu’elle ne peut nier. Je raisonne ce que j’écris, et je ne dis rien gratuitement à V. G. Si je tire une conclusion qui lui est désagréable, elle découle d’un fait prouvé. Quelle différence chez V. G. qui accumule sur ma tête les plus gros mots du vocabulaire ecclésiastique pour lui tenir lieu de réfutation !

El puis, Mgr, je désirerais vraiment voir un Évêque montrer au moins un peu de sincérité, de droiture, de loyauté dans la discussion. La religion l’exige au moins autant de V. G. que de moi. Non seulement on ne doit pas perdre son équilibre moral au point où V. G. l’a fait, mais on est tenu, surtout quand on est Évêque, de respecter scrupuleusement la vérité. Et franchement je regrette de voir V. G. la mettre sur les épines à chaque instant.

Si j’ai dit quelque chose de faux Mgr, j’en offre de suite la rétractation. Qu’on me le montre et elle ne se fera pas attendre, et j’y ajouterai en toute sincérité mes excuses à V. G. et au public. Mais au moins que l’on me montre avec des raisons ou des preuves où j’ai failli, au lieu de me servir une si énorme bordée d’injures qu’elle ne saurait trouver place même dans le St. Pierre canadien s’il était fini.

Si, au lieu de s’enfoncer si avant dans le péché capital de la colère, V. G. eût un peu mieux compris sa mission, elle aurait montré, ou fait montrer par des hommes compétents, où et en quoi je me suis trompé. Si je n’ai dit que des faussetés, la tâche est bien facile.

Mais des insultes ne sont pas des raisons, même chez un Évêque. Au reste j’ai une longue habitude du style épiscopal et du sens de justice chez les ecclésiastiques. Il y a un autre Évêché auquel j’ai fait des dons relativement considérables et où l’on m’a atrocement insulté après avoir reçu mes dons avec protestation de reconnaissance éternelle. Et pourquoi m’insultait-t-on ? Parceque je protestais, contre l’assertion d’un Évêque qui, par pure passion politique osait me reprocher, ainsi qu’à ma famille, de n’avoir pas payé nos dons, ce que les livres même de l’Évêché ont démontré être faux quand il a fallu les produire ; et cela quoiqu’on n’ait jamais bâti l’Église pour la construction de laquelle nous avions fait et payé ces dons ! Voilà un petit fait de justice épiscopale à mon adresse qui me fait un peu comprendre, ce que l’on peut dire de ceux qui, instruits par l’expérience, ont eu le tort de ne rien donner dans d’autres occasions.

J’offre donc à V. G. une rétractation ample et complète de ce que j’ai pu dire de faux si elle trouve un homme qui puisse me le montrer autrement qu’en parlant de mon orgueil satanique, de mon insolence révoltante, et de la malice dont seul je suis capable. Je mets ici publiquement V. G. au défi de montrer la plus légère inexactitude de fait dans ce que j’ai dit. Quant à