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diction dans leur enseignement ; si j’ai surpris V. G. leur faisant la leçon à tous et se trompant gravement au lieu de les éclairer ; si j’ai montré les prêtres insultant les Évêques sous l’égide de V. G. et dans les journaux qui dépendent d’elle ; si je les ai trouvés pris aux cheveux entre eux et scandalisant les fidèles par leurs injures réciproques, n’étais-je pas dans mon droit ? Les gros mots de V. G. sont-ils une réfutation ? N’aggravent-ils pas ses torts au contraire, au lieu de les diminuer ?

Mais V. G. elle-même vient de me donner raison. Je vois son nom au bas de la lettre pastorale des Évêques du dernier concile de Québec, en date du 22 Mai dernier, et qu’y vois-je ? « Que l’enseignement de l’Université Laval est irréprochable sous le rapport de la doctrine… » Ce n’est donc pas une institution qui n’a de catholique que le nom ! Il n’est donc pas vrai qu’elle donne une science sans Dieu ! Il était donc infâme de dire qu’elle procédait en véritable université athée ! Or par qui ces choses ont-elles été dites ? Par les propres fils d’obéissance de V. G. ! Où cela a-t-elle été dit ? Dans les propres journaux surveillés et encouragés par V. G !

Comment V. G. a-t-elle pu laisser insulter ainsi pendant plusieurs mois, par des gens qu’elle pouvait faire taire d’un mot, une institution qu’elle même déclare irréprochable aujourd’hui ? V. G. acceptant le patronage de ces journaux, elle avait nécessairement sa part de responsabilité dans la calomnie. Est-ce ici que j’ai fait les fausses représentations que V. G. a osé m’attribuer ? Certainement non ! Ce sont les prêtres approuvés par V. G. qui ont représenté faussement l’université ! Pourquoi ne les force-t-elle pas de se retracter ? Elle y oblige bien la Minerve pour quelques mots qui ne la peuvent constituer en tort qu’aux yeux d’un moine qui confectionne des chapelets avec ses pincettes. Habituée aux soufflets, la vertueuse feuille a chanté la palinodie et n’a osé ni défendre la vérité ni maintenir son indépendance. Et les innocents coups de griffe qu’elle m’a donnés ne lui ont pas même valu un regard adouci de V. G.

Or quand Elle oblige la Minerve à rétracter de simples opinions qu’elle avait droit d’exprimer et que les collègues de V. G. ne désapprouvent pas, comment donc n’exige-t-elle pas une rétractation des prêtres qui ont publié des infamies sur ses collègues et l’université Laval ? Des opinions indifférentes en elles-mêmes sont-elles donc aussi coupables que des calomnies préméditées ? Quoi ! V. G. vient de signer ces propres mots dans la lettre pastorale des Évêques : Si le moindre scandale est une abomination devant le Seigneur… et elle n’inquiète en aucune manière depuis plusieurs mois des prêtres calomniateurs de ses collègues, parcequ’ils se sont réfugiés sous sa soutane ! Si j’avais la même habitude de la grosse injure que V. G. comment ne pourrais-je pas qualifier cet acte d’un Évêque, Mgr : couvrir de son propre corps le calomniateur scandaleux et vilipender à outrance ceux qui n’ont dit que des vérités !

Qu’y a-t-il vraiment au fond de tout cela Mgr ? Le public le sait du reste. V. G. n’a jamais dans sa vie avoué une erreur où un tort, quoiqu’elle les ait semés par douzaines ; et plutôt que de remplir le devoir de se rétracter quand elle a tort, elle préfère calomnier ceux qu’Elle est incapable de réfuter ! Ces choses sont dures, Mgr, mais V. G. m’a donné le droit de les lui dire. Quoi, c’est un homme qui se fait appeler saint dix fois par jour qui insulte et calomnie celui qu’il sait avoir dit vrai, et cela pour couvrir les calomniateurs de ses collègues ! Ah ! il y a trop longtemps que V. G. abuse de la réputation de transcendante sainteté que ses flatteurs lui ont faite. La sainteté n’a pas ces allures arrogantes Mgr ni ce langage de colère incontrôlable. On y retrouve la petite personnalité blessée bien plus que le vrai amour de la religion. Le langage violent ne peut être que le fait des « violents » flétris par St. Grégoire le Grand, qui vous valait probablement, Mgr.