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que l’on n’y voit qu’une tentative d’empêcher les gens de s’instruire de la vérité sur certaines personnes, et aussi une petite démonstration de mécontentement personnel qu’il eut été de meilleure tactique de ne pas laisser percer. V. G. se trompe gravement si Elle croit que sans une réfutation sérieuse, — qui naturellement me déconsidérerait, mais je suis parfaitement tranquille là-dessus — l’opinion se rangera avec elle contre moi. Elle ne peut pas un jour en appeler à l’opinion contre un adversaire et le lendemain dicter à cette même opinion ce qu’elle doit penser d’un autre adversaire. Elle ne peut pas un jour reconnaître la souveraineté de l’opinion et essayer d’en faire une esclave le lendemain. V. G. aurait du songer à toutes ces choses avant de publier des prohibitions qui la compromettent seule et qui font naître chez les gens le désir bien naturel de savoir ce que j’ai pu dire de si affreux pour provoquer ainsi la mise en cas réservé de centaines d’individus. Et quand on m’a lu, Mgr, on se demande avec ébahissement si V. G. pense bien tout ce qu’elle dit, si surtout elle avait bien le droit de m’insulter sans essayer un mot de réfutation. Je croyais réellement que la circulaire de V. G. produirait un certain effet, mais je vois que personne ne la prend au sérieux. Avec moi comme avec l’Archevêque V. G. a trop forcé la note et s’est plus blessée elle-même qu’elle ne m’a fait de mal.

Tout ceci explique parfaitement l’indifférence avec laquelle le public reçoit les prohibitions de V. G. On la voit chaque jour agir avec une irréflexion incompréhensible : témoin sa dernière tentative pour surprendre au Protonotaire un Entête irrégulier de régître malgré la leçon qu’elle avait reçue et dont j’ai donné le récit dans la Note B de mon pamphlet. Cette leçon avait pourtant été assez sévère ; eh bien, il en fallait une autre à V. G. et elle l’a reçue ces jours derniers même. Quand un Évêque s’obstine contre la loi, il faut bien que la loi l’emporte.

V. G. voulait donc un régître pour l’Église St. Gabriel dans la paroisse (canonique) de St. Henri des Tanneries. Et cette paroisse n’est pas civilement érigée, ayant été détaché pour les seules fins spirituelles de la paroisse de Montréal, et son érection civile n’ayant pas encore été demandée. C’était précisément un de ces cas que V. G. veut faire la lutte avec le pouvoir civil et elle n’y manqua pas.

V. G. connaissait parfaitement la décision des juges sur sa propre requète datée du 13 Février dernier. Cette décision repoussait la prétention de V. G. à faire reconnaître comme curés les prêtres administrant une paroisse canoniquement détachée d’une autre déjà civilement érigée, mais non encore civilement érigée elle même. V. G. devait donc savoir que le Protonotaire ne pouvait faire autre chose que ce que les juges lui avaient ordonné de faire, eussent-ils tort dans leur interprétation de la loi. Mais personne n’a encore montré qu’ils se soient trompés et personne ne le montrera. Mais que la loi fût contre elle ou non ; que les Juges eussent défini la loi comme ils devaient le faire ou non, V. G. voulait et son régître, et la reconnaissance officielle de la subdivision paroissiale et du titre de curé en faveur de son prêtre desservant. Qu’est-ce que la loi d’un pays pour un ultramontain ? Moins que rien si elle repousse l’éternel empiètement ecclésiastique.

Mais comment tourner la grave difficulté que l’ordre des juges faisait surgir sur son chemin ? Il fallait ruser, et V. G. s’est dit : rusons donc puisqu’on a laissé que cette ressource à l’Église. Malheureusement la ruse prit un tel air de maladresse ; elle étalait si naïvement les longs points blancs dont elle était cousue, que l’on ne pouvait s’étonner que d’une chose, savoir : qu’un homme qui ruse depuis vingt ans pour amener le pouvoir civil à s’effacer devant l’Église, n’eût pas trouvé mieux que cela. V. G. crut donc embarrasser le Protonotaire en faisant imprimer sur la première page du régître en blanc dont elle allait demander l’authentification, la forme l’Entête qu’elle désirait faire adopter par les juges. Ceux-ci l’avaient déclarée de