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ressemble fort à la notion de justice du loup qui reprochait à l’agneau de troubler son eau quand il était en aval du courant du ruisseau. Vraiment, Mgr, cette singulière idée a beaucoup prêté à rire, car enfin la Minerve n’est pas le seul moyen de publicité que l’on possède en Canada, qu’il y avait trop de personnes, dans toutes les parties du pays qui attendaient impatiemment quelqu’appréciation de la guerre ecclésiastique dont nous avons été témoins, pour que le livre ne se vendit pas facilement. Et je profite de l’occasion, Mgr, pour informer V. G. que ce n’est pas à mon propre bénéfice que le livre se vend mais à celui de l’Institut. Nous avons ainsi forcé un bien plus grand nombre de parfaits que V. G. ne le pense, à offrir leur obole à l’institution tant détestée. Si nous sommes dans les cas réservés pour avoir mon livre dans nos maisons, nous avons eu le plaisir d’y voir tomber aussi les parfaits qui par vaine et indiscrète curiosité ont acheté de l’Institut un livre défendu par V. G ! On ne rencontre plus que des cas réservés, Mgr, dans les rues de Montréal !

Mais le livre devait se vendre, que la Minerve l’annonçât ou non, pour la simple raison qu’il montre de graves erreurs et de grandes fautes dans un quartier où l’on nous assure un peu trop orgueilleusement qu’il ne s’en trouve jamais. D’ailleurs, Mgr je compte plus d’amis dans le pays que V. G. ne paraît le croire. Quand un homme dit toujours sa pensée franchement et avec indépendance ; il finit en dépit de toutes les hostilités par obtenir la confiance des hommes sérieux. Il y a un nombre très considérable de personnes sur la surface du pays qui suivent les affaires et les évènements, qui m’ont vu bien souvent injurier dans les feuilles cléricales, mais qui ne m’ont pas encore vu réfuter. Ces personnes ont compris que je ne disais jamais rien sans être sûr de mes avancés et ont fini par avoir confiance en mes paroles. Et la circulaire de V. G. est venue montrer à mes amis, de Vaudreuil à Rimouski, qu’il ne dort pas être très facile de montrer mes fausses citations et mes faux avancés puisqu’elle m’insulte au lieu de les montrer. Avec ses injures et ses prohibitions, et l’intelligente mise en cas réservé de ceux qui auront chez eux un livre que l’on ne réfute pas, V. G. loin de me faire perdre le peu d’influence que m’a donnée la conviction depuis longtemps formée chez mes amis que je n’ai pas d’autre intention que de défendre le vrai et de maintenir les droits de l’intelligence publique contre ceux qui voudraient la mouler à leur gré, a au contraire considérablement augmenté cette influence. J’en ai plus, depuis la circulaire de V. G. que je n’en avais auparavant. Pourquoi ? Parceque je parle en homme sincère et convaincu, ce que V. G. n’a pas fait en me disant tant d’injures. Et comme c’est incontestablement à V. G. que je dois cette augmentation d’influence, je serais ingrat si je ne l’en remerciais pas. Je remercie toujours ceux qui me font du bien ; mais je connais tels ecclésiastiques qui seraient bien en peine d’en dire autant à mon égard, car ils m’ont remercié en cherchant à me déshonorer.

V. G. a donc fait précisément ce que je pouvais désirer qu’elle fît pour faire vendre mon livre, et montrer à mes amis que c’est moi qui dis la vérité. Mes amis comprennent parfaitement, Mgr, que si V. G. pouvait me faire convaincre de mensonge ou de fausses représentations, ce serait pour elle un grand point de gagné et conséquemment un grand bonheur acquis. Et quand ils la voient tomber dans la grosse injure et dans la mesquine tactique de chercher à nuire à un journal pour une annonce qui, suivant elle, a seule fait vendre le livre, qui sans cela fût tombé dans l’oubli, ils n’en sont que plus persuadés qu’elle n’avait rien de sensé à dire. C’est donc V. G. qui a fait ma position dans le public meilleure qu’elle n’a jamais été, et je l’en remercie encore une fois.

Mais, Mgr la prohibition de V. G. a une signification dont elle ne s’est probablement pas rendu exactement