Page:Dessaulles - Réponse honnête à une circulaire assez peu chrétienne suite à la grande guerre ecclésiastique, 1873.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 20 —

Et un grand nombre de ces faits se sont passés sons nos yeux. Nous sommes donc certains que ceux-là sont vrais. Quant à ceux qui se sont passés ailleurs, la présomption est qu’ils sont correctement relatés à moins que l’on ne montre le contraire. La question se réduit donc à certains points de fait. Que l’Évêque, ou quelqu’autre pour lui, nous montre clairement que M. Dessaulles ne relate pas correctement, les faits qu’il cite, et nous serons certainement contre lui. Que l’on nous montre qu’il nous a trompés, et nous le honnirons comme malhonnête homme ! Mais si l’on ne fait rien de cela, ce n’est pas l’acte arbitraire de nous mettre dans les cas réservés qui nous montre que M. Dessaulles se trompe ou a voulu tromper. Au contraire les injures que l’Évêque lui a dites au lieu et place d’une réfutation sont plutôt de nature à nous impressionner en faveur de celui que l’on insulte avec aussi peu de mesure. Puisque l’Évêque semble craindre une discussion sérieuse, c’est donc qu’il ne pourrait prouver ce qu’il dit, c’est donc lui qui se trompe. Et si c’est lui qui se trompe, il n’a clairement pas le droit de nous mettre dans les cas réservés pour lire un livre dont il est obligé de prouver les mensonges s’il en contient. L’ordre de l’Évêque n’étant donc pas fondé en fait et conséquemment en raison, nous ne sommes pas obligés de le suivre. »

Je serais curieux, Mgr, de voir V. G. indiquer les sophismes raffinés que contient ce résumé de ce qui se dit.

Et comment V. G. peut elle espérer voir accepter ses prohibitions quand elle vient commettre l’étonnante puérilité d’affirmer à la Minerve que si elle n’avait pas annoncé mon pamphlet il ne se serait pas vendu ? V. G. croit elle que la Minerve a publié cette annonce gratis ? Les propriétaires de cette feuille étaient-ils obligés de refuser une annonce payante parceque l’amour propre de V. G. allait se trouver gravement froissé ? Quand un livre n’est ni immoral, ni obscène, ni anti-religieux, mais, seulement anti-clérical, c’est-à-dire opposé à la suprématie politique et sociale du Clergé, un journal est il aussi dans les cas réservés parcequ’il l’annonce dans le cours ordinaire des affaires et reçoit valeur pour cette annonce ? Allons nous donc voir surgir chaque jour de nouvelles prétentions de plus en plus absurdes ? Quoi ! le propre journal de V. G. a annoncé pendant des années des remèdes destinés à propager l’immoralité, et un autre jourmal est coupable s’il annonce un livre où l’on blâme la duplicité et la calomnie au profit de la droiture et de la vérité ! Ah ! Mgr, V. G. a certainement fait fausse route ici, et je crois vraiment que sur cette question on ne donnerait pas plus raison à V. G. à Rome, qu’on ne l’a fait sur les fausses doctrines qu’elle avait cru découvrir chez M. le Grand Vicaire Raymond. Elle s’est certainement trompée là ! Ses supérieurs le lui ont dit assez vertement puisqu’ils l’ont constaté dans un document destiné à la publicité ; pourquoi donc serait-il impossible qu’elle se trompât un peu à mon égard ? Et si elle s’est trompée, ce qui restera hors de doute tant qu’elle ne m’aura pas fait réfuter, elle n’a certainement pas le droit d’inquiéter la Minerve ni personne autre pour avoir fait une affaire légitime puisqu’elle rentrait dans la sphère du journalisme. Je n’ai pas à défendre la Minerve qui n’a jamais observé à mon égard les plus simples règles de la justice ordinaire, mais je prends toujours les choses telles que je les vois et je ne les juge jamais qu’au point de vue de la justice et du droit, et non d’après l’idée préconçue des injustices que j’ai pu subir. Que V. G. ait raison demain sur quoique ce soit, et elle me verra la soutenir cordialement. Mais avec les dispositions que je lui vois, je crains bien qu’elle ne me fasse attendre longtemps le plaisir de montrer qu’elle peut avoir raison quelquefois.

Maintenant, que l’annonce payée à la Minerve n’ait pas été inutile à la vente du livre, c’est incontestable, mais quant à dire que sans cette annonce il ne se serait pas vendu, cela