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le demande partout. Le public comprend quelle passion a inspiré la circulaire et qu’elle impuissance de réfutation manifeste ce style chargé d’insulte. Le temps n’est plus, Mgr où l’on empêche les gens sensés de lire ; où l’on peut imposer d’autorité l’ignorance des leçons que l’on reçoit. Dans ce siècle de diffusion infinie de la pensée par le livre, et le journal, il n’est plus possible de maintenir une muraille de la Chine autour d’un peuple que l’on voudrait murer dans cette heureuse ignorance qui fait dire : « Seigneur, pardonnez-leur… » Si le public avait vu V. G. prohiber la « Comédie Infernale, » il aurait pu admettre sa sincérité quand elle prohibe mon pamphlet. Mais quand V. G. n’a pas dit un mot d’un livre réprouvé par tous ses collègues, la prohibition qui me regarde Mgr devient tout simplement risible. Les gens s’abordent dans la rue en se demandant mutuellement s’ils sont en cas réservé ! Des dames même répondent, quand on leur demande si elles vont garder le livre : « Bah ! j’ai bien la « Comédie Infernale » où il n’y a que de l’hypocrisie sans compter la calomnie. Pourquoi ne garderais je pas un livre où je ne vois que des vérités ? » Je ne veux pas dire Mgr que personne n’écoute la défense de V. G. car bien des intelligences sont encore esclaves, mais je puis dire, sachant être dans le vrai, qu’un nombre considérable de personnes qui vont garder mon livre chez elles, ne l’auraient probablement pas fait si V. G. eût condamné la « Comédie Infernale. » Mais l’esprit de parti chez un Évêque les révolte.

V. G. est la seule personne qui ait appelé mon petit livre un libelle. Ou V. G. ne sait pas ce que c’est qu’un libelle, ou elle n’a pas parlé franchement. Le libelle est un livre écrit avec mauvaise intention contre quelqu’un, et la mauvaise intention se prouve par les fausses représentations et les calomnies que l’on y découvre. Telle est la « Comédie Infernale, » écrite par un ecclésiastique en herbe qui a noirci de son mieux des Évêques et des prêtres en leur attribuant des intentions qu’ils n’avaient pas ; en leur attribuant des actes qu’ils n’ont pas commis et en donnant le plus mauvais sens possible à des actes et des paroles susceptibles d’une bien meilleure interprétation. Voilà ce qui constitue le libelle : représenter faussement les actes pour nuire aux personnes.

Eh bien je défie V G. de rien montrer de pareil dans mon pamphlet, qui n’est pas un acte d’aggression, mais un acte de défense et d’explication. V. G. me reproche des fausses représentations mais je la défie d’en montrer, et elle n’osera pas relever mon défi. Elle me reproche des outrages. Il y en a si ce que j’ai dit est faux, et j’en demanderai pardon ; mais je défie V. G. de le montrer, car tout ce que j’ai dit est vrai. Et elle ne relèvera, pas mon défi. Elle me reproche de la malice. Il y en aurait effroyablement si ce que j’ai dit est faux, mais il faut le montrer, et c’est que ce ni V. G. ni personne autre ne fera. Si ce que j’ai dit est vrai, — tout ce que j’ai dit reste vrai tant vous ne m’aurez pas convaincu de mensonge — la malice est chez celui qui m’en reproche faussement avec colère et insultes.

V. G. peut elle dire que les citations que j’ai faites de la « Comédie Infernale, » ou du Nouveau Monde et du Franc-Parleur, sont inexactes ? Certainement non. Si les phrases que je cite sont exactes, elles constituent certainement les plus graves insultes à des Évêques et à des prêtres. Le libelle ne peut donc pas être chez moi puisque je dénonce des calomniateurs. Ici l’intention n’est certainement pas répréhensible. Donc point de libelle jusqu’ici. Sans doute, j’avais l’intention de montrer combien les ecclésiastiques peuvent être injustes les uns envers les autres, mais n’ayant fait que des citations vraies, c’est une malhonnêteté que de parler de libelle. Je vous ai montrés en lutte acharnée les uns contre les autres. Ce n’est pas un libelle puisque le fait était éclatant comme le soleil aux yeux de tout le pays. Y avait-il intention méchante chez moi ? On pourrait le prétendre si je n’avais rendu justice à personne