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en douter l’instrument que la Providence a choisi pour montrer le danger du défaut de lumières chez un Évêque ?

Je noircis le Clergé Canadien avec un malice dont seul je suis capable…

J’ai sans doute dit de dures vérités à des hommes que veulent se faire croire exempts des faiblesses humaines ; à des hommes chez lesquels il y a incontestablement, comme je l’ai reconnu dans mon pamphlet, de biens grands mérites individuels, mais que l’esprit de corps et l’orgueil ecclésiastique ont fait tomber dans de biens graves torts collectifs. Mais Mgr quand un prêtre coupable d’inconduite traite de renégats à pleine église des hommes irréprochables dans leur vie publique et privée, il s’expose à se faire rappeler ce qu’il est ! Ce ne sont pas les hommes de vrai mérite qui s’oublient ainsi dans la chaire, c’est le plus souvent au contraire ceux qui sont la plaie du corps auquel ils appartiennent. Et ceux là, Mgr ont encore moins que leurs confrères hommes de mérite, le droit de réclamer l’inviolabilité.

Mais que signifie donc cette réclamation hautaine d’inviolabilité en faveur du prêtre quand il lui en coûte si peu d’attaquer les autres dans leur honneur et leur réputation ? Prêcher la morale, c’est votre devoir ; mais dénigrer les autres en chaire, c’est une infamie ! Si vous étiez irréprochables, cela se comprendrait encore ! Mais d’un autre côté, si vous étiez irréprochables vous ne tomberiez pas ainsi journellement dans cette violation de tous vos devoirs de pasteurs des âmes. Est-ce par pure bonté de cœur que le prêtre insulte les gens en pleine église ? Ce n’est pas de la malice cela ? La malice serait-elle chez celui-là seul qui repousse la calomnie par des reproches mérités !  ! Où est vraiment la malice, Mgr ? Chez l’Évêque qui couvre les calomniateurs de sa mitre ou chez celui qui s’en plaint ?

Quand V. G. m’a reproché publiquement des blasphèmes à propos d’une brochure dans laquelle des prêtres moins instruits qu’elle n’ont pu en découvrir même l’apparence, n’y avait-il pas dans pette odieuse assertion. Mgr quelque chose comme de la malice bien caractérisée ? Et quand V. G. n’a pas osé m’indiquer ces blasphèmes quand je l’en ai priée le livre en mains, et m’a dit des choses insultantes au lieu de me les montrer, n’était ce pas là décupler la malice du premier avancé ? Et quand elle me laisse depuis onze ans sous le poids d’un avancé calomnieux officiellement publié par un Évêque, — ce qui est bien autrement grave dans notre société qu’une calomnie venant d’un simple laïc — et qu’elle refuse de rétracter cet avancé, n’est-ce pas là, Mgr un fait évident de malice renouvelée chaque jour ?

Eh bien, Mgr, même s’il y avait chez moi malice pour avoir dit des vérités grandement méritées puisqu’elles repoussaient des calomnies, j’aurais encore un immense avantage sur V. G. celui de ne pas au moins couvrir ma malice d’une messe tous les matins.

Et pour montrer une fois de plus où est bien la malice et où est bien le vrai sens de la justice envers autrui ; pour montrer une fois de plus si c’est chez V. G. ou chez moi qu’est la malice ; je m’engage ici solennellement devant le public à rétracter publiquement tout blasphème ou ce qui y ressemblerait, ou même toute simple erreur de fait ou de doctrine, que V. G. indiquera dans le pamphlet où elle a prétendu voir des blasphèmes, ou du venin infect sorti d’une chaire, de pestilence ; calomnies qu’elle exprimait dans une annonce pastorale !  ! J’ai déjà offert privément cette rétraction publique à V. G. et je la lui offre aujourd’hui publiquement. C’est son devoir de l’accepter pour faire triompher la vérité. Si elle ne profite pas de cette offre — faite de bonne foi et non pour jeter de vains mots dans le public — elle admettra par là même sa calomnie contre moi. Donc la malice aura été chez elle et non pas chez moi !

Quand une position est fausse, Mgr on n’en sort pas par le seul fait que l’on est Évêque, et que l’on parle d’autorité. V. G., a aussi parlé de mon orgueil satanique. Voyons donc où est vraiment l’orgueil.