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lument indifférente au triomphe de la vérité ; et il arrivera nécessairement que nombre de personnes de bonne foi vont se dire. « Mais, est-ce donc que l’on craindrait que M. Dessaulles ne prouve les falsifications dont il parle ? » Si le Clergé, ce corps si puissant, Mgr recule devant un homme, que va-t-on dire ? On aura sans doute la commode ressource d’assurer que l’on me méprise. Pourquoi, alors, tant de tapage et d’injures dans les circulaires épiscopales et la mise en cas réservé de ceux qui me lisent ?

Je le répète donc parceque je suis sûr de la complète vérité de tout ce que j’ai dit : Je mets V. G. et n’importe qui au défi de montrer la moindre fausseté, la moindre inexactitude dans mon livre : et j’offre la preuve, où, quand et comment l’on voudra, de tous et chacun de mes avancés. Et V. G. sait si bien que je n’ai pas parlé sans savoir où j’allais ; que je n’ai pas eu la sottise de me mettre en conflit direct avec elle sans prendre toutes les précautions voulues, qu’elle n’acceptera pas mon défi. Elle m’insultera ou me fera insulter, ce qui est bien plus commode, mais peut-être moins agréable à Dieu qui veut que la vérité soit toujours défendue. Melius est ut scandalum sumitur quàm ut veritas relinquatur. (St. Grégoire le Grand, et après lui St. Bernard.)

Voilà pourquoi, Mgr j’ai dit un peu de vérité. Et la meilleure preuve qu’il était devenu nécessaire de dire la vérité, c’est le mécontentement profond que j’ai causé. Si j’ai dit des choses fausses, je mérite d’être honni, mais je serais vraiment curieux de voir comment on s’y prendra pour le démontrer. Quelques hommes à courte vue m’ont reproché d’avoir scandalisé certaines gens en montrant les contradictions de nos Évêques, les injures que des prêtres leur ont dites, et les connivences évidentes de V. G. en faveur de calomniateur déboutés. Mais Mgr, le scandale existe-t-il dans la constatation des actes coupables ou dans les actes eux-mêmes ? Celui qui a commis l’acte serait-il donc moins coupable que celui qui le commente et le flétrit ? Eh bien, existe-il dans le beau système du jour cela est vrai pour les laïcs, mais ne l’est pas pour le Clergé ! Le prêtre qui flétrit un acte coupable d’un laïc est un enfant de Dieu, mais le laïc qui proteste contre un acte coupable d’un ecclésiastique est enfant de Satan ! Où est le sophisme ici, Mgr ? Chez le prêtre ou chez le laïc ? Chez V. G. ou chez moi ?

Mais examinons un peu ce paragraphe où la colère déborde comme une marée montante.

J’outrage avec une insolence révoltante les saintes congrégations romaines.

Qu’est-ce donc que j’en ai dit ? Qu’elles avaient condamné l’Institut sans l’entendre ? Mais que V. G. montre donc quand l’Institut a été notifié ? qu’Elle l’accusait d’enseigner des principes pernicieux ! Les déloyales arguties au moyen desquelles V. G. essayait de démontrer que l’Institut devait être tenu responsable de ce que je lui disait dans une lecture, n’ont elles pas fait hausser les épaules de pitié à tous ceux qui savent ce que c’est qu’un raisonnement ? Et puis ces arguties montraient elles que l’Institut eût pu se défendre là où il se trouvait faussement accusé par V. G ? V. G. a donc tout simplement trompé ceux à qui elle pariait. Et chaque fois qu’elle ose affirmer que les catholiques de l’Institut sont condamnés sur leur appel à Rome, elle trompe le public, car le décret même de l’Inquisition fait foi que l’on n’a ni directement ni indirectement touché à la question en appel ! Et chaque fois qu’elle ose venir dire, que l’Institut comme corps est justement sous l’anathème de l’Église, elle trompe encore ceux à qui Elle parle, car on n’est pas justement sous l’anathème quand on n’a jamais reçu la moindre notification que l’on fût accusé, ce qui a pour résultat de condamner des absents sans les entendre. V. G. n’avouera pas plus ses torts envers nous qu’elle ne les a avoués envers l’Archevêque, contre lequel Elle recommençait la guerre avec passion au moment même ou le cardinal Barnabo lui recommandait instamment la