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mais apte à pénétrer toute forme. Fléchissant s’il est bon de fléchir, résistant s’il est bon de résister, ferme et douce, énergique et suave, elle porte tous les noms, s’accommode de tous les milieux ; elle est souple, subtile, délicate, pénétrante, elle est joie et lumière, non effort et tension, puisqu’elle est amour, et toutes les vertus ne sont que ses attitudes. »


XXXVI

Conte du coin du feu


La veillée s’avançait et tout s’endormait dans le petit village, où, à l’automne, l’Angelus du soir est l’un des derniers bruits du dehors. Dans la grande salle où mes hôtes m’avaient installée, je n’entendais que le bruit égal et lent du lourd balancier de l’horloge enfermé dans sa boîte de chêne, et le murmure du chapelet ronronné dans la chambre voisine par les deux bons vieux qui m’hébergeaient depuis des semaines dans ce joli pays du nord.

Une belle attisée de bois franc pétillait dans l’énorme poêle et les rayons de la flamme montaient et descendaient, découpant sur la muraille et les meubles, des plaques de lumière rougeâtre et tremblante, et laissant de ces coins d’ombre sans fond qui préoccupent et attirent le regard.

L’heure était douce de toute la tiédeur de ce bon intérieur où ne pénétrait rien de la