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qu’un rêve de plus que j’avais eu… dont il ne resterait rien !

L’air était doux quand je sortis, et au ciel pur les étoiles brillaient claires. Les gens pressés montaient à l’assaut des tramways, les petits vendeurs de journaux criaient à tue-tête, la vie trépidante agitait toutes les pauvres marionnettes, et je marchais lentement, comme pour protester contre tant d’agitation.

En route je rencontrai des amies. Les unes revenaient du Ritz-Carlton où la fête au profit de l’Assistance Maternelle avait eu un grand succès, les autres rentraient dîner à la hâte, pour retourner après à l’exposition de poupées de l’hôpital Sainte-Justine. Elles étaient affairées, fatiguées et heureuses, et j’eus honte de moi, de ma lâcheté, de mon inaction, et ce fut bon de me réveiller dans un remords bienfaisant !

De tous côtés, en ce moment, des appels d’une redoutable éloquence s’adressent à nos cœurs. La misère est partout. Dans les foyers autrefois heureux, dans les hôpitaux d’ici, dans ceux d’outremer, et il y a vraiment autre chose à faire qu’à rêver !

Les femmes charitables dont la fortune, le cœur et la volonté font vivre les œuvres de secours ont trouvé le vrai chemin qui mène à Dieu. « Car la charité contient tout, comme le dit saint Paul, avec des accents de poésie surnaturelle. Elle seule est fluide et vivante, toute grâce et tout esprit, sans forme,