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Je me laissais donc tout simplement pénétrer par la douceur du silence et de l’ombre qui envahissait l’église, quand l’orgue se mit à chanter. Quelques notes de plain-chant, des arpèges et des accords, puis la mélodie s’éleva très douce et monta peu à peu en un chœur puissant et grandiose de voix qui priaient pour toutes les âmes de la terre qui ne savent pas prier, et pour toutes les âmes de l’au-delà qui ne peuvent plus prier ! Et pendant que les invocations et les sanglots de l’orgue se répercutaient sous les voûtes, il me semblait que l’église se remplissait d’une foule invisible, d’un cortège d’âmes accourues pour retrouver les gestes augustes de bénédiction qui protègent, les paroles divines de pardon qui sauvent, et au milieu de ce glissement d’êtres, de ces chants, et de l’attente frémissante, l’âme même de l’église palpita et répondit jusqu’au plus profond des consciences à toutes les angoisses, à tous les repentirs et à tous les doutes.

Après un silence, l’orgue avait repris en sourdine la mélodie du « Crucifix » de Faure. Belle dans sa simplicité un peu ancienne, elle touchera toujours les âmes douloureuses !

Vous qui souffrez, vous qui pleurez, vous qui tremblez, venez à Lui !

C’était la réponse ! Et par toutes ses voix, l’église appelait à Dieu les âmes, les pauvres âmes humaines.

L’orgue se tût… j’entendis le pas lourd de l’organiste descendant l’escalier ; ce n’était