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m’écriais : « Mon rêve est effacé ». Plus tard, ma raison a repoussé cette naïveté, mais à certains jours mes rêves qui se réalisant, — comme hier, — font la nique à ma raison scandalisée !

Le rêve tissé dans l’ombre et le silence avec des souvenirs et des aspirations, le rêve qui est le refus obstiné de l’esprit de s’anéantir dans le sommeil est étrangement mystérieux. Il est peut-être le vestibule du grand au-delà vers lequel nous allons jour par jour, heure par heure, oublieux et insouciants dans l’action, mais curieux et troublés, dès que notre âme, s’isolant du tumulte extérieur, cherche à deviner l’impénétrable.

Les rêves m’impressionnent parce que, devant eux, mon âme sent l’envahissement du mystère et comme un frisson d’inconnu, et rien ne m’ôtera de l’esprit que, lorsque nous rêvons, nous sommes sur la limite des deux mondes, le visible où nous sommes, et l’invisible où nous allons… Les sages qui me font l’honneur de me lire s’écrieront sûrement : Ô Fadette illogique, qui mettez les autres en garde contre les sciences occultes et qui croyez si naïvement à vos propres rêves !

Je leur tire ma révérence.