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qui feront pourtant cet avenir à la mesure de leur âme. Porter le passé et le présent, c’est assez ; ne convoitez pas, petites filles imprudentes, d’y ajouter la connaissance du futur — dans tous les sens !

Le deviner, le rêver, le créer à la nuance de vos désirs, ne savez-vous pas que c’est une des joies les plus délicates de vos heures douces ?

Pourquoi vous donner l’inutile appréhension du malheur qui vous attend au tournant de la route ?

Pourquoi enlever au bonheur le charme de l’imprévu ?

Vous ignorez encore, peut-être, que pour nos cœurs puérils, le bonheur qui n’est plus nouveau cesse d’être un trésor : on s’y habitue, on n’y pense plus… par le fait même, ne cesse-t-il pas d’être un bonheur ?

Non, ne consultez pas ces vilaines femmes ; vous chercheriez à donner à votre vie la forme de leurs mensonges — des mensonges que vous payez trop cher, je vous assure. Je puis bien vous dire, moi, ce qu’il sera votre avenir ?

Il sera ce que vous le préparez maintenant.

Si vous saviez quelle puissance vous possédez pour commencer à créer en vous une réserve de bonheur où vous pourrez puiser toujours !

Que votre âme vivante et profonde s’unisse à votre volonté dans la recherche de l’harmonie, l’harmonie qui naît de l’accord entre