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LETTRES DE FADETTE

des, et qui, ayant passé l’hiver sous des ciels très doux, reviennent l’été, bâtir leurs nids dans les arbres où les pauvres moineaux ont grelotté sous la neige et les frimas, et qu’ils considèrent comme leur propriété.

Tous les hommes ne feraient-ils pas comme les moineaux que nous accusons d’être inhospitaliers et querelleurs ?

Ah ! ce ne sont pas des idéalistes, pas plus que ne le sont les pauvres gens qui gagnent leur pain au jour le jour, à la sueur de leur front !

Mais ils sont actifs, téméraires et surtout ils restent avec nous ! Sans eux nos hivers seraient bien désolés…

Quand le soleil brille, et qu’en ouvrant la fenêtre, vous les entendez gaminer dans les branches dépouillées, ne vous arrive-t-il pas de penser que c’est à vous qu’ils adressent des encouragements narquois et des promesses tapageuses d’un printemps lointain, hélas, mais certain ?

Ce sont aussi de fameux philosophes, ces pauvres moineaux calomniés ! Ils se contentent d’une vie modeste : ils n’ont ni le talent musical, ni la parure brillante, ni les instincts de déplacement élégant des oiseaux aristocrates, mais leur belle humeur ne les abandonne jamais, et sous la pluie, la neige ou l’azur, ils vont leur petit train sans se décourager… et ça peu d’hommes peuvent se vanter d’en faire autant !