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Et pourtant… pourtant, j’ai confiance… sous vos airs évaporés il y a peut-être quelques pensées sérieuses, et votre âme assoupie peut se réveiller et alors vous seriez transformée ! Ne le voulez-vous pas ?

C’est si vrai, voyez-vous, que la religion, toute la religion tient dans la charité. Je pense souvent à saint Jean qui ne savait plus que répéter : « Aimez-vous les uns les autres ! » La religion toute simple, toute vraie, toute nue qui n’a rien de commun avec les vagues religiosités qui tentent trop d’âmes pures et molles, c’est d’aimer Dieu et de Lui rendre ce que nous lui devons, et d’aimer les autres et de les aider de tout notre pouvoir. C’est simple et beau comme tout ce qui est vrai. C’est la religion qui enseigne toutes les pitiés ; c’est la religion des humbles, des faibles, des petits, celle du pauvre publicain et celle du bon Samaritain.

Ô petites âmes puériles ! Vous assourdissez saint Antoine de demandes saugrenues, de promesses vaines pour obtenir des faveurs que vous n’oseriez avouer peut-être ! Faites mieux, jouez vous-mêmes le rôle de celle qui donne et qui aide : vous y gagnerez, non pas les grâces que vous sollicitez peut-être, mais une âme bien vivante et bien belle.

Et avec elle vous ferez toute la charité matérielle et morale qu’on attend de vous. Vous pouvez exercer cette dernière même si vous êtes pauvre comme Job ! Et vous le devez : sur votre chemin, vous rencontrerez