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Les hommes se croiront toujours supérieurs aux femmes qui ne l’admettront jamais.

Si, au moins, cette séculaire rivalité engendrait une émulation dans la course vers le bien intellectuel et moral, le monde serait transformé.

Il faut bien avouer que nous sommes loin de ces belles démonstrations !

Les hommes affirment bien haut leur supériorité, mais ils entendent que les femmes les croient sur parole, et ils ne s’inquiètent guère de prouver qu’ils sont plus sages, plus honnêtes et meilleurs. Ne voit-on pas, au contraire, que sentant en eux des lacunes du côté de la bonne volonté, ils ont établi deux morales et se sont réservé toutes les indulgences.

Ils parlent très bien de l’honnêteté, mais ils la pratiquent avec des restrictions : tel homme qui ne déroberait pas un sou à son voisin, lui prend sa femme sans scrupules !

Ils sont tous d’accord pour honnir l’ivrognerie dans ce qu’elle a de dégradant, mais combien s’y acheminent en s’alcoolisant insensiblement.

Ils se disent catholiques, mais ils n’en font les gestes que lorsque cela ne les dérange pas. Un peu de paresse le dimanche, et ils omettent la messe ; une invitation à dîner le vendredi et l’abstinence est mise de côté… Je ne continuerai pas à citer des exemples : nous voyons assez qu’ils ne se mettent pas