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ma vénération s’ajoutait de la confusion, vous la comprenez sans explication, — et aussi, une curiosité de pénétrer plus intimement cette âme si belle. — Mais n’avez-vous jamais été malheureuse, ma cousine ?

— J’ai eu de grands chagrins, mais je n’ai pas été malheureuse, parce que je ne me suis jamais sentie abandonnée de Dieu. Avec un ami comme Lui, on sait que tout finira par s’arranger, et comme on le connaît plus intelligent que soi, on ne s’inquiète pas des moyens qu’il prendra pour améliorer nos affaires. Quand tu étais toute petite tu venais à moi en pleurs me tendre ta poupée cassée, et tu criais : « La coller, tantan, la coller ! » Dès que la blessée était entre ses mains, tu retournais à tes jeux consolée et confiante.

J’ai agi de la sorte avec le bon Dieu : je Lui tendais mes bonheurs brisés. Dès que je les Lui avais confiés j’attendais doucement qu’il me les raccommodât. Il est tout puissant et Il nous aime, pourquoi tant nous tourmenter ? Crois-moi, mon enfant, si nous Le laissions faire, notre vie serait meilleure et plus calme.

C’est en nous préoccupant trop de notre bonheur que nous nous rendons malheureux. Si tu voulais essayer ce qui m’a si bien réussi, ta plume ne suffirait pas à dire et à redire, qu’après tout, il n’y a rien de plus facile et de plus simple que d’être heureux. »

Pour vous, mes amis qui peut-être me res-