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elles recherchent de préférence celles dont la beauté et le charme les relèguent au second plan. Ces monstres étranges et cruels ont les cheveux soyeux, la peau fine et des griffes roses ; elles vous happent une réputation au passage et la dévorent dans l’espace d’un clin d’œil.

Elles trouvent à dire du « vilain laid » de toutes leurs connaissances et de toutes celles qu’elles nomment hypocritement leurs amies et qu’elles mangent allègrement en prenant le ciel à témoin du regret qu’elles en ont.

Il se fait ainsi, sur les plages et sur les galeries, de la chronique scandaleuse qui n’épargne personne. Aucune réputation n’est à l’abri des insinuations perfides, des accusations catégoriques, et tout cela basé sur de simples suppositions répétées et colportées par ces méchantes personnes qui se croient vertueuses ! Oui, voilà le comble ! C’est au nom de la vertu qu’elles font ce vil et cruel métier d’attaquer et de condamner tout le monde. Que ne savent-elles jusqu’à quel point elles-mêmes sont méprisées par les honnêtes gens qui parlent moins de leur vertu mais pratiquent mieux la charité !

Rien de plus pénible que d’être forcé d’entendre ces tristes propos. Une grande tristesse vous saisit à rencontrer tant de malice. Vous ne pouvez invoquer ni la passion, ni la faiblesse pour excuser ces mauvais cœurs et ces mauvaises langues : non, c’est la méchanceté humaine qui déborde, qui mord, qui