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XXIV

Comme nous les oublions !


Dans une grande boîte remplie de lettres, je cherchais un papier, quand, d’une enveloppe ouverte, s’échappèrent en voltigeant comme des papillons noirs, un nombre de cartes mortuaires. Sur chacune de ces images, je lisais : « Souvenez-nous de », — « À la mémoire de, » — N’oubliez pas dans vos prières. »

Et d’hier, de deux ans, de cinq ans, de dix ans, de plus longtemps encore, surgirent les noms de ces disparus connus et aimés et cependant presque oubliés.

Hélas, l’oubli fait toujours son œuvre désagrégeante dans les cours humains, les pauvres petits cœurs humains qui peuvent bien quelquefois être fidèles à un grand amour, à une amitié profonde, mais qui oublient si facilement les affections délicates et charmantes rencontrées sur leur route et qui la semèrent de joies exquises.

Je prenais ces images une à une, et des figures familières me souriaient, j’entendais leur voix, et en lisant les textes des psaumes, au bas de leur nom, j’y voyais figurées les qualités qui me les avaient fait aimer. — La droiture de son caractère a fait l’honneur de sa vie. — Il combattit le bon combat. — Frappée par la main de Dieu, elle n’a connu ni