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Souvent nous sommes la cause de nos maux, soit que nos désirs soient irréalisables, soit que notre sort nous paraisse terne et au-dessous de ce que nous croyons mériter. Est-ce que, pour la plupart, nous ne désirons pas vivre ailleurs que là où nous sommes fixés ?

Quand un bon jardinier plante ses arbustes et ses fleurs, il choisit avec soin, pour chacune, l’endroit d’ombre ou de soleil qui convient à sa croissance… Sûrement, le bon Dieu est aussi intelligent que le jardinier, et là où il nous a plantés ou transplantés, Il ne nous demanderait pas de fleurir, d’être heureux, si ce n’était pas possible ? Eh bien, voici ce que nous voudrions nous faire croire ! « Je n’ai pas assez de soleil ! — C’est la chaleur qui me sèche ! — Il pleut trop ou il ne pleut pas assez ! », crions-nous pour nous excuser d’être des plantes chétives. Ce n’est pas vrai. Dans notre petit jardin nous avons tout ce qu’il faut pour croître et donner des fruits, mais il faut le vouloir et cesser de désirer d’être ailleurs.

Vous dites que nous désappointons ceux qui nous aiment… oui, si nous nous aimons plus que nous ne les aimons, et cela nous arrive souvent, hélas ! Et quand ce sont eux qui nous désappointent, n’est-ce pas parce que nous attendons trop d’eux, et que nous nous sommes illusionnés sur leur compte ?

Je crois que dans la création de notre bonheur, qui est toujours une œuvre person-