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attendue par l’autre. On n’achève pas sa phrase et l’autre la complète. On se tait, et les esprits, suivant le même chemin, s’aperçoivent avec une surprise ravie, par un mot semblable dit dans le même moment, qu’ils ne se sont pas quittés.

L’une écoute l’autre dire ce qu’elle a toujours pensé, et cet écho d’une âme qui est la voix d’une autre âme, crée une harmonie si parfaite, que bientôt, les deux voix n’en font qu’une ; elles sont fondues ensemble dans la douceur de cette sympathie magique.

Bientôt le temps n’a plus de signification pour eux, c’est un mot ! Ils oublient que six mois auparavant ils ignoraient l’existence l’un de l’autre. Si vous exprimiez une surprise sur l’intimité si promptement établie entre eux, ils vous répondraient : « Nous ne nous trouvons pas, nous nous retrouvons, nous nous cherchions, nous nous attendions. »… Et c’est peut-être vrai ? Qu’en savons-nous ? C’est un plaisir bien délicat que cette découverte graduelle d’un être vers lequel vous conduit une sympathie intelligente et qui cherche.

J’ai parlé de ressemblances ; encore faut-il qu’elles ne soient pas trop grandes. Les divergences entre elles, fournissent, au contraire, l’élément mystérieux, la part d’inconnu qui tente toujours les âmes humaines, et cette dernière condition est, hélas, facilement réalisable ! Les âmes sont si inconnaissables et armées de tant de ressorts inconnus, que