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ces existences toutes chargées, et nous déplorons alors notre inaction, la mesquinerie de notre destin que nous pouvons élargir pourtant, en l’acceptant bravement tel qu’il est au lieu de le subir en nous lamentant sur notre triste sort ! Si l’on vit avec son intelligence, son activité, son cœur, toute son âme, on n’a pas l’occasion de trouver sa vie « terne et plate », comme me l’écrivait ces jours-ci, une lointaine amie inconnue qui voudrait faire des choses héroïques pour « sortir de la banalité qui l’étouffe. »

Ma petite amie, le premier des héroïsmes c’est d’accepter la vie telle qu’elle nous est faite par les circonstances permises par Dieu. Oh ! ce n’est pas un héroïsme à panaches et à fanfares qui attire l’attention et provoque les applaudissements. C’est un héroïsme obscur, continue, manifesté dans les plus petites choses : comme un génie bienfaisant, il embellit tout ce qu’il touche, colore les vies ternes, féconde les vies stériles, et donne de l’air aux âmes étouffées par la banalité.

Laisser filer ses jours dans le gris, se désintéresser de tout parce que notre milieu ne nous convient pas, c’est vraiment une lâcheté et le fait d’un « cœur mou », comme disait la vieille.

C’est nous-mêmes qui devons donner sa valeur à notre vie et au lieu de dédaigner la vôtre, appliquez-vous à en dégager la beauté et à l’aimer.

Voulez-vous une bonne recette pour être heureuse ?