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XIX

Un sermon en musique


J’entendais dernièrement, pour la seconde fois, la splendide « Neuvième symphonie » de Beethoven, magistralement exécutée par des artistes, des artistes touchés jusqu’au fond de l’âme par la joie divine qui s’en dégage et nous la transmettant, vibrante et belle, comme une action de grâce à la Vie elle-même.

Et c’est miraculeux, que de toutes ses détresses, Beethoven ait pu faire sortir cet hymne triomphal si grandiosement serein.

Infortune matérielle, ennuis de famille, solitude morale, amours irréalisés et la suprême épreuve, cette surdité qui le murait en lui-même et lui dérobait en partie son propre génie, ne voilà-t-il pas le bilan de la vie du grand musicien ? Une âme faible se fût jetée dans le désespoir, lui, fut vraiment purifié et divinisé par la douleur ; il s’en servit comme d’ailes immenses qui l’élevèrent au-dessus de lui-même. La souffrance ne l’empêcha pas d’aimer la vie d’un amour démesuré dont l’écho ravit encore le monde d’admiration, et dont cette Neuvième Symphonie semble l’expression la plus parfaite.

Dans la vie des grands hommes nous pouvons souvent puiser du courage et du goût à vivre. Sans cesse, elle nous fournit l’occasion de comparer nos jours trop légers avec