Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quand j’entends parler de briser une volonté : quelle erreur ! Il faut la diriger, ce qui est bien différent.

Quelle insouciance est apportée généralement à cette grande œuvre de l’éducation par les jeunes mères pour qui les enfants sont de jolies poupées avec lesquelles elles jouent jusqu’à ce qu’elles deviennent de vrais petits diables. Alors, elles les éloignent et demandent aux éducateurs et aux religieuses d’en faire des anges. Et elles s’en lavent les mains ! Croyez-moi, mesdames, aucun dévouement, aucune sollicitude étrangère ne pourra jamais refaire le commencement négligé par vous. L’âme de votre enfant se sentira toujours d’avoir été moralement orpheline pendant ses premières années.


XVIII

Flânerie

L’air est transparent, le soleil descend au milieu d’un embrasement rose ; dans le jardin, le jet d’eau monte joyeusement pendant que les ombres s’allongent et que les roses embaument. Tout sent bon et tout chante sous le ciel qui se décolore. La fine odeur des foins coupés, les parfums du jardin et du bois voisin nous grisent, et nonchalamment nous rêvons. Sur le chemin gris, devant nous, passent des hommes et des femmes, leur fourche sur l’épaule… ils reviennent