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elle quatre personnalités distinctes et successives qui passaient le temps à se combattre, à se quereller, et au milieu de ces disputes et de ces tempêtes, l’héroïne menait une vie très accidentée où l’ange et le diable avaient chacun leurs jours.

Je ne me souviens plus si le livre était bien écrit, mais j’ai toujours gardé le souvenir de cette histoire qui m’intéressait par son côté psychologique si vrai, car n’est-ce pas, au fond, l’histoire, de notre personnalité tombée en anarchie ? Lequel d’entre nous peut se vanter de n’avoir pas éprouvé en lui ce conflit d’instincts et de sentiments qui s’éveillent sous la poussée des circonstances, et d’où sortent l’héroïsme ou la lâcheté, la sagesse ou la folie ?

Tous nous assistons aux débats et aux discussions de l’ange et du diable en nous, et tous nous avons une conscience éveillée, attentive, clairvoyante, qui voit bien le danger sans toujours savoir ou vouloir l’éviter.

Chez les natures foncièrement bonnes mais faibles, le danger s’accroît du manque de résistance, et de concessions en concessions, d’entraînements en entraînements, elles arrivent parfois à atteindre le fond de l’abîme où les attire leur diable : elles y tombent sans lutte et elles sont perdues sans presque avoir eu conscience de leur chute.

Et on lit encore mieux dans les âmes que dans les livres le bienfait d’une volonté forte et exercée qui sait résister, et au besoin, com-