été piétinées par son insouciance et son aveugle égoïsme.
XV
Le Pin parlant
Le jour de « ma » lettre n’est pas toujours un jour de fête, mes amis !
Quand j’ai quelque chose à vous dire, ça va tout seul, mais ce matin après avoir écrit : « Lettre de Fadette », rien ne venait. Ma feuille se couvrit peu à peu de petits personnages en goguette, d’oiseaux fantastiques, de fleurs échevelées, de zigzags mystérieux… plus je crayonnais, plus insaisissables se faisaient les idées.
Je pense qu’il faisait trop beau ! Les vagues jaseuses riaient sous les caresses du soleil, les arbres se saluaient en se murmurant des choses réjouissantes et toutes ces voix de dehors me disaient : « Es-tu bête ! Plante donc là ta plume ! »
Je fus lâche devant la tentation, et je la plantai là, ma plume ! Et sans remords, avec un cœur léger comme l’air ambiant, je partis pour le chemin vert… Ah ! si vous le connaissiez, le chemin vert, vous comprendriez qu’on abandonne pour lui une pièce aux quatre murs tapissés de brun !
Je marchais sur la mousse, en cueillant d’étranges petites orchidées semblables à des clochettes tourmentées enfilées dans du velours vert, des jacinthes bleues, des ancolies