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LETTRES DE FADETTE

ne, et le dernier emblème qu’elle adopta fut un candélabre à sept branches toutes éteintes, sauf une qui symbolisait la foi, avec cette inscription : « Unum sufficit in tenebris ».

Et cette lumière unique qui lui suffisait, ce n’était plus celle de Virgile ou de Pétrarque, ni celle de la poésie et des arts, ni même celle de l’amour humain, mais celle de la foi.

« Une seule lumière suffit dans les ténèbres »… Nous le croyons en théorie, mais nous ne vivons pas suivant cette croyance, de là tous nos essais d’éclairage artificiel…

C’est que nous passons dans la vie en regardant sans voir, en entendant sans comprendre : nous ne saisissons pas le sens de la vie, de ses épreuves, de ses joies, de ses amertumes et nous ne cherchons pas le pourquoi profond des volontés divines.

Notre âme taciturne et muette traverse, indolente, les manifestations providentielles faites pour l’éclairer et l’instruire. Hautaine et révoltée dans l’épreuve, elle questionne les desseins de Dieu ; ébranlée et inquiète, elle s’affaisse craintive devant ses menaces, et quand tout va bien, elle s’élance joyeuse, légère, se laisse vivre comme dans une fête, en ne pensant ni aux larmes d’hier ni à l’incertitude de demain.

Et la vie s’en va ainsi, et souvent l’ombre des soirs nous fait l’âme triste et les matins froids nous trouvent dolentes.

« À quoi bon vivre sa vie si on ne la com-