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Être pratique, d’après un grand nombre d’entre eux, c’est donner à un garçon une instruction sommaire qui lui permette de gagner sa vie à seize ans, quand les mêmes parents dépensent des sommes extravagantes pour que leur fille soit vêtue comme une millionnaire.

Être pratique, c’est être prêt à toutes les compromissions « pourvu que ça paye ». C’est applaudir aux succès des gens habiles qui dupent les gens naïfs ! C’est épouser une fille riche que l’on n’aime pas ; c’est fréquenter des gens tarés dont l’influence peut être utile.

Quand on est pratique, on nargue les élans généreux et les enthousiasmes élevés : on a honte de paraître sensible et bon, et quand on est très jeune, on pose au jeune monstre qui ne croit ni à Dieu, ni au diable, ni à la vertu des femmes.

Le but de ces gens très positifs, c’est d’arriver au succès matériel par tous les moyens, pourvu qu’ils ne conduisent pas à la prison.

Mais alors, pourquoi, en vertu de ce même sens pratique érigé en divinité, n’éviterait-on pas les écueils contre lesquels se brisent infailliblement tous les efforts vers le succès ? J’ai nommé le jeu et l’ivrognerie, ces deux ennemis qui guettent les jeunes gens au sortir du collège, qui les détournent des études sérieuses et les poussent à l’abrutissement. Les hommes supérieurement pratiques sont-ils plus vigilants que les autres pour préser-