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Une seule Lumière !


Dans le crépuscule blafard de janvier, la disparition subite du soleil sans chaleur laisse l’âme transie, nostalgique de lumière et de vie chaude !

Cette fin de jour dans l’ombre froide, c’est un peu un avertissement de fin de vie, et pour échapper à l’angoisse que le rappel de la mort fait naître, nos âmes chimériques se réfugient dans l’irréel de leurs rêves ou l’envolé de leurs souvenirs, et pendant que revivent en elle les joies perdues et que se tissent les bonheurs inaccessibles, le noir envahit tout, dehors, où le ciel est sans étoiles, et dedans, où l’on ne distingue plus rien… et quand, soudain, une main bienfaisante fait jaillir de la lumière, c’est avec une impression très complexe de regret et de soulagement que l’on revient des pays d’ombres.

Hier soir, quand une seule fleur de l’électrolier s’illumina, je pensai en voyant les autres éteintes au candélabre d’Isabelle d’Este.

Elle était une grande dame de la Renaissance, riche de tous les dons de l’esprit, de la beauté et de la fortune : entourée d’artistes, de poètes, d’admirateurs fervents, elle fit le tour des gloires humaines et des bonheurs fragiles pour revenir à la seule lumière divi-