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large horizon, et une émotion grave me saisit en concevant tout à coup cette éternité de désolation dans l’obscurité.

Je les vois patients et chercheurs, se créant en eux-mêmes le monde inconnu qui semble familier aux autres, et soudain, le souvenir d’une prière qui me fut faite il y a déjà longtemps me traverse l’esprit et me trouble, car il ressemble à un remords.

Une amie inconnue de Fadette lui demandait de s’intéresser et d’intéresser ses lectrices à l’œuvre de la Bibliothèque Braille, insuffisante pour les besoins des aveugles de Nazareth.

Il y a deux moyens de nous aider, me disait-elle : l’un en apprenant la méthode pour écrire chez soi, l’autre en allant dicter des livres en noir aux femmes aveugles de l’institut.

Il y a trois ans, les religieuses de Nazareth firent un appel à la charité féminine, et quoique les « copistes” » et les « dicteuses » n’aient pas été nombreuses, il s’ajouta, par suite de leur dévouement, un bon nombre de volumes à la bibliothèque des aveugles.

On se demandera peut-être pourquoi ce travail ne serait pas fait par l’imprimerie ? Tout simplement parce que les imprimés en relief coûtent très cher, et si la charité active de leurs bienfaiteurs ne voyait pas à leur procurer des manuscrits, les aveugles pourraient considérer la lecture comme un luxe presque inaccessible.