Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
LETTRES DE FADETTE

Le passé est beau dans son lointain. Il est embelli par la légende, le roman, l’art, la poésie et par notre imagination. Ce beau passé quand il était le présent a connu ceux qui disaient : « Dans les tristes temps où nous vivons ! »

Et dans cinquante ans nous serons ce passé vertueux et admirable que nos petit-fils entendront vanter par les pessimistes de leur époque. Cela me faire rire… et vous ?



VII

Le Printemps entre chez moi


L’air est tiède ce matin, les rayons du soleil, avant d’entrer dans ma chambre, ont allumé des étoiles qui dansent sur les petites vagues froides, et parmi leurs scintillements passent des morceaux de glace que le courant entraîne. Dans l’éther lumineux, un oiseau lance des roulades joyeuses, un rêve de bonté et d’amour traverse l’espace. Le regard perdu dans l’infini souriant du matin, j’écoute, et mes mains distraites froissent une feuille de géranium qui embaume… mais c’est bien une corneille que je viens d’entendre, et voici qu’une autre lui répond… leur zèle est imprudent, j’ai peur, car le Printemps est un seigneur capricieux qui s’annonce plusieurs fois et fait bien des façons avant d’arriver !

De toutes les maisons plantées dans les sapins, vis-à-vis, s’élèvent des fumées blanches