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Le monde est rempli d’âmes humaines, dans lesquelles il y a des rayons divins : elles sont toutes intéressantes, et puisque nous n’avons pas le droit d’en mépriser une seule, où prenons-nous celui de les mépriser en bloc ?

Ce ne sont pas ceux qui soupirent sans cesse « hélas ! hélas ! » qui font du bien. Ce sont ceux qui croient au bien, qui jugent avec indulgence, qui savent faire la part de la faiblesse humaine et qui ont compris que l’humanité peinante et méritante est admirable.

Oui, admirable, et si vous ne le croyez pas, ô pleureurs, observez mieux autour de vous. Voyez ces journaliers qui font crier la pierre sous leurs marteaux, ces autres en équilibre sur des échafaudages, rôtis par le soleil ou engourdis par le froid ; ces cyclopes qui paraissent flamber à travers les braises des forges ; ces laboureurs déchirant la terre pour lui confier la semence ; la multitude des femmes travaillant, enfantant, se sacrifiant, infatigables et dévouées jusqu’au bout de leurs forces, et osez parler de la malice des hommes : ceux qui le font n’ont pas vu leur résignation, leur courage, leur bonne humeur.

Admirons-la et aimons-la, l’humanité, et que chacune de nous, prenant exemple sur elle, vive dans le présent.

Les mécontents de leur époque ont toujours existé. La phrase « Dans les tristes temps où nous vivons » est une phrase de tous les temps.