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ce bonheur promis, sans se douter qu’elles doivent l’édifier avec les ressources qu’elles ont en elles.

Enseignons-leur donc que tout est le prix de l’effort personnel, et que celui qui végète dans sa mollesse s’amoindrit, s’efface, et finit par ne plus compter. C’est aux parents, c’est à tous ceux qui forment les jeunes de les aimer sagement, de les éclairer délicatement, de se servir de leur expérience pour ne pas les abandonner au hasard des circonstances sous prétexte de les ménager !

LXII

Tristesse

C’est un dimanche lamentable : il pleut, le vent est plein de reproches… on voudrait s’approcher d’un grand feu qui flambe…

J’ai laissé tomber mon livre : il est rempli de mots sonores enfilés en mesure, mais l’âme en est absente : sur la table s’empilent des journaux, j’y lirais des récits de scandales, les horreurs de la guerre, toute la misère humaine ! Je n’y trouverais rien pour me tirer de la tristesse où j’enfonce. Les vêpres sonnent : sous la pluie, et courbant le dos, les gens pieux se rendent à l’église, et les gamins aussi : ils n’entendent rien au latin des psaumes, et ils se feront des niches dans l’église à moitié vide.

Indolente et lasse dans mon fauteuil, je regarde la pluie qui fait des ronds dans l’eau,