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de faiblesses et d’imperfections. Il ne s’agissait pas seulement de faire d’elle une petite fille studieuse, sage et pieuse, il aurait fallu lui apprendre à mieux observer, à réfléchir davantage ; il fallait la préparer à vivre, non derrière les grilles d’un cloître, mais dans un monde que personne ne refera et où il faut voir clair pour marcher en sûreté.

Faisons donc comprendre aux jeunes que nul n’est tout à fait bon ou tout à fait mauvais ; que la somme des qualités laisse toujours place au désappointement, et celle des défauts à l’espoir d’une amélioration. Démontrons-leur — et c’est facile, — que leurs imperfections causent aux autres les mêmes déceptions dont elles se plaignent. Et on arrive à tout cela, moins avec des reproches et des gronderies, qu’avec des raisonnements et des démonstrations pratiques.

Plus vous aidez la jeune fille à se connaître elle-même, en détruisant les jolies façades qui lui masquent la vérité sur elle-même, plus vous la rendez capable d’étudier et de comprendre les autres, et par conséquent, plus vous la disposez à l’indulgence. L’indulgence ! Comment peut-on en manquer pour les autres quand on se connaît bien soi-même ? Trop de jeunes ménages sont malheureux parce que les jeunes femmes ne sont pas des êtres raisonnables et qu’elles ne sont pas, préparées à la vie sérieuse. On leur a fait croire que la vie est toujours prête à leur apporter un bonheur auquel elles pensent avoir droit, et elles l’attendent avec foi,