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LETTRES DE FADETTE

larmes », « la malice des hommes livrés aux embûches du démon », et ne nous alanguissons pas dans les gémissements quand nous avons besoin de tant de virilité et de confiance pour vivre une vie qui ne soit pas manquée.

L’espérance est une vertu, une des vertus théologales, et je n’ai vu nulle part que la tristesse fut une vertu, pas même une qualité. Elle est une conséquence de tout ce qui va de travers dans le monde ; j’admets qu’elle entre en nous sans nous consulter ; ce que je ne puis admettre, c’est qu’elle s’y installe, car, encore un coup, il faut de la sérénité et de la force dans cette vie qu’il s’agit non de subir, mais d’accepter vaillamment et avec gratitude, puisqu’elle est un bienfait de Dieu pour nous.

J’en veux à certaine littérature pieuse qui nous accable et nous écrase sous son dégoût de ce qui est humain et qui veut nous convaincre que le ciel seul importe. Le ciel ! Certes, c’est un beau but et je nous souhaite à tous d’y aller. Mais c’est sur cette terre que nous vivons et Dieu l’a faite belle afin que nous l’aimions ; Il nous a donné un corps aussi bien qu’une âme et nous devons justice aux deux.

Il est dangereux, lorsque chaque jour nous apporte son combat sur le chemin abrupt de la vie, de chercher à s’anéantir, de se complaire dans le mépris du monde où dans le débarras des choses extérieures.